C'HOARI AN DRO : KAOUD PERZ E SANTELEZ AL LEC'H PE E SANTELEZ AN HINI A ZO ENORET EL LEC'H-SE.

. Faire le tour : avoir part à la sainteté du lieu, ou à la sainteté de celui qui est honoré en ce lieu.

Le cantique en breton de Saint-Herbot

Image satellite du site sur Google Maps.
  Une de mes vidéo et de la cascade

Escapade de tous les dangers aux Cascades de Saint Herbot à 10 minutes de chez moi au Huelgoat , je suis tombé dans un chaudron rempli d'eau ,mais mon matériel est sauf et je suis pour un bleu à la cuisse.

Une de mes vidéo de la cascade

https://inpn.mnhn.fr/docs/ZNIEFF/znieffpdf/530030098.pdf

https://www.chateaudurusquec.com

 lithographie de Benoist en 1860 collection personnelle.

Apocalypse de Jean 14.2   Et j'entendis  un bruit venant du ciel, comme le mugissement des grandes eaux ou le grondement d' un orage violent , et ce bruit me faisait songer à des joueurs de harpes touchant de leurs instruments..

Hag e klevan eus vouez euz Neñv ,evel mouez douriou braz hag evel kurun braz ,hag ar vouez a glevan a zo evel kanerien o lirenni war o lirennou!

Les fresques des anges musiciens du porche de la chapelle de saint Herbot sont une description imagée chrétienne de la cascade de l' ELLEZ.

Sur les traces du géant GEWR du Koad-ElezSur les traces du géant Gawr

la vasque de Sucellos  LE CULTE DES PIERRES  ET SA SYMBOLIQUE  collection personnelle La troisième cascade de Saint Herbot

 L' autel où on dépose en offrande les queues de vaches    l'Eglise de Lannedern Le  mythe antique du cerf volant chasseur de serpent   Les douze sybilles  de la chapelle de Saint Herbot L'Hymne de l’Hercule chrétien    

 

La grotte de Saint HERBOT

Autour de chez moi au Hüelgoat , je viens de découvrir  une loge d’ermite entre des rochers .Elle doit être celle de la légende de saint Herbot ,ce noble anglais de l’ordre des  Carmes du XIIIe siècle  chassé de la Terre sainte,établi ici dans ce site breton qui ressemble  au Mont  Carmel et ses grottes et ses cascades par Jean II  duc de Bretagne  lors de la huitième. croisade? C'est sous son règne que vécut sant Euzen  Saint Yves Hélory de Kermartin († 1303) 


Le Torc Waterfall breton

Pour y accéder Il faut garer son véhicule sur le parking du hameau de La chapelle de Saint Herbot. .A pied,vous  prenez  la route de Brennillis et le premier chemin de terre à droite (Une barrière et la pancarte, Barrage de Saint Herbot SHEMA EDF  propriété privée.) De quel droit EDF  peut empêcher un piéton à emprunter la route  cadastrée  dans le domaine public  en 1900 rejoignant le village de la cascade aujourd'hui  disparu .  Il ne faut pas prendre le chemin  plus haut du  manoir du Rusquec  aujourd'hui restauré   qui est une propriété privée,Vous marchez sur 1.5 km sur le chemin empierré .Après la cheminée de la canalisation forcée de la centrale hydraulique, vous arrivez au Barrage hydraulique. Vous montez  la passerelle en métal de l'écruteur du barrage. C'est par un sentier accidenté  non balisé à travers des broussailles et les bois qui vous conduit vers les cascades et les chaos granitiques de l'Elez .
Pour accéder à la première cascade et les ruines de l'ancien moulin vous devez dévalé la butte escarpée en contre-bas du chemin  entre la canalisation forcée et le barrage à travers des arbres et  les broussailles,  
 

Réf (Rusquec =le tertre du rucher en breton .Ce serait plutôt logiquement une autre signification en rapport avec les cascades du chaos de Saint HERBOT ..peut être ,le tertre  des pierres ".reun+kellen -ec)?? Le village de Locarn en contrebas du grand chaos des Gorges du Corong  de Saint Nicodéme s'appelle le Guellec.
 Le manoir du Rusquec faisait parti de la seigneurie de Keraznou ( aujourd'hui  Kerrannou en Brennilis village dans la vallée du Koad-Elez.) . Un autre surnom breton de Gargantua est Rannou .

 

L' origine du nom de la rivière  ELLEZ est Aered le nom celte du serpent.

Le Serpent huant

Il faut rapprocher ELLEZ et Elestr en breton l' iris des marais (La fleur de lys des rois de France, n'a rien à voir avec le lys. La fleur de lys des rois de France resemble à l'iris jaune des marais.( la fleur d'iris resemble aussi à la gueule ouverte d'un serpent). A gauche de la tour de la chapelle face au marais du YEUN  s'ouvre une fenêtre fleurdelisée )  . Les clercs chrétiens ont créé une légende avec ce nom Aelez les anges:Ster-Aelez  la rivière des Anges . Ils ont voulu déformer ELEZ en le christianisant en anges  sachant que ce nom se rapproche de (Aer ,Aered ) le nom du Serpent celtique qui était  pour eux le Démon  .Le christianisme a fait  disparaître le nom gaulois du serpent dans tous parlés romans en l' occultant, le prononcer c'était être païen et être excommunier (1) .

Le Serpent  vie malgré qu'il a son sang froid ,il change de peau régulièrement retrouvant ainsi l’apparence de la jeunesse., il symbolise la Rédemption la mort et aussi la vie éternelle.Il est le symbole très fort et positif de la déesse mère celtique et un porte bonheur païen ; non pas celui  qui est associé au Satan des religions  monothéistes de la Bible.

     Near  la vipère ,Nàered  les vipères ,dans le parlé populaire ,on ne prononce pas le N an Aer an,Aered

Dans le CODEX BEZAE qui  est un manuscrit bilingue Grec et Latin,  dont  l'origine est la Gaule du  Vème ou VIème siècle., il y a  cette  phrase :le tombeau du Christ est gardé par un daemon de gardien, SERPENT ROUGE KOPTE :traduit du grec  l' AERED KOPTE (ou copte) traduit du latin  prouve bien que AERED est le nom gallo-romain  du serpent.

Il faut rapprocher aussi  ELLEZ et ElGEZH (le menton) .Étrangement  le surnom de Saint HERBOT est ELGEZHEG (le menton long)  sans doute à cause de sa barbe d' assyrien ,celle d' un ermite du Mont Carmel) ou de son menton prééminent d'un serpent;

 


L'origine du nom Aés

Le nom breton AER :de deux syllabes Aher,AZER,couleuvre et aussi en vieux breton l'anguille( siliou, anguilles):Aered,Azred,Aezret,Aezr-wiber,vipère serpent Nados-Aezr,petit serpent fort menu ,mot à mot,aiguille de serpent ou serpent aiguille ( la civelle),

Aezrouant est le nom breton ancien du diable du démon. Evel an Diaoul hag an Aezrouant dans un ancien manuscrit,c'est à dire comme le Diable et l'Azrouant,ou le serpent huant , sous-entendant celui qui tenta la première femme,qui est cependant réputé Diable


Le Serpent qu’on voit associé à Jean dans sa représentation et son calice  n’a rien du Tentateur du Jardin d’Eden. Il se rattache à la symbolique du serpent d’airain que Moïse présenta à la vue des Hébreux mordus dans le désert par les serpents brûlants. Ne comprenant rien à la valeur initiatique de cette marche dans le désert et ses épreuves, ils avaient maugréé contre Dieu et contre Moïse. Mais par le Serpent d’Airain,  ils furent guéris après avoir reconnu leur erreur. Et c’est l’Evangéliste Jean qui rappelle cet épisode en faisant dire à Jésus « Comme Moïse éleva le Serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé afin que quiconque croit en Lui ne périsse point, mais qu’il ait la Vie Eternelle. » Dans ce contexte, le Serpent retrouve la signification qu’il a dans les mythes anciens, et redevient , comme entre les mains de Saint Jean, le Symbole de la Connaissance, et de la Guérison et de la Vie qui lui sont attachées. source joradia.net

Le serpent d'Airain de Moïse du livre des Nombres (21,6-9)

, Alors le Seigneur envoya contre eux des serpents venimeux ; ils mordirent un grand nombre d'Israélites qui en moururent . 7 Le reste du peuple se rendit auprès de Moïse pour lui dire : « Nous avons péché en vous critiquant, le Seigneur et toi ! Supplie donc le Seigneur d'éloigner ces serpents de nous. » Moïse se mit à prier le Seigneur en faveur du peuple. 8 Le Seigneur lui répondit : « Façonne un serpent d'airain (bronze) et fixe-le sur une perche (un arbre). Quiconque aura été mordu et le regardera aura la vie sauve. » 9 Moïse façonna donc un serpent de bronze et le fixa sur une perche.(un arbre) Dès lors, toute personne qui avait été mordue par un serpent et regardait le serpent de bronze avait la vie sauve .

(1)  LaVouivre .Jacques Lacroix  

Les fresques des anges musiciens  du porche sud de la chapelle de Saint Herbot sont la description imagée chrétienne de la cascade de Saint Herbot décrit dans les versets (14.2.3)  de l' Apocalypse de Jean.  .


Le site naturel breton qui aurait vraiment une réelle chance pour une inscription au patrimoine mondial de l'UNESCO,  c'est bien le site des cascades du chaos granitique  de l' ELEZ. il est unique sur notre Terre .

Collection Fulub Ar Born

Vous pouvez remarquer sur mon cliché de 1904 de ma collection personnelle sur le rocher de la cascade:: la ligne de dèbitage de cavités  pour les coins en bois..

Collection Fulub Ar Born

Collection Fulub Ar Born

Cet extraordinaire site naturel des Monts d' Arez a été effacé et occulté dans la mémoire des générations d'après-guerre.

 

Quand  mon père m'amenais à la pêche à la truite sur l'étang de Saint HERBOT, il m'était interdit d'aller en bas du barrage , je ne savais pas alors l' existence des cascades en contrebas de l'étang Je ne suis toujours demandé pourquoi mon père qui connaissait bien Saint HERBOT me disait cela , vu qu'il était né à Plouyé  non à cause de l'excuse du danger, il savait que comme  tous les gosses de Huelgoat, les jours de vacances, sans surveillance d'un adulte ,étaient de sauter,d'escalader et se faufiler dans les rochers du bois du Saoulec.

Ce n'est pas en fait , mon père qui m'a fait connaître le site des cascades qui est en fait  plus spectaculaire et plus beau que le site touristique des bois du bourg de mon enfance, mais un copain parisien ,Alain  Morel,originaire du bourg par sa mère du Moulin du Chaos .Pour les autres enfants de mon age , c'était la même chose avec leurs parents sur l' existence des cascades et son chaos granitique: un silence, comme ceux des sujets tabous comme la Résistance locale et l' assassinat de l' abbé PERROT  .De même nos  instituteurs des écoles publiques de Huelgoat dont  Louis PRISER ( notre grand écrivain décédé en février 2009 ) ,nous ont  jamais parlé de l' existence  de ce site géologique extraordinaire  des cascades mais c'était des louanges sur le progrès moderne du à l' électricité de la centrale électrique hydraulique  plus bas et la centrale nucléaire de Brennilis tous deux  sur l' ELEZ 

Au. nom du progrès et de sa maîtrise de la nature ,il fallait qu'on oublie dans la mémoire des nouvelles générations ces sites naturels symboles des superstitions des anciens temps que sont les marais du Yeun et les cascades de l' Elez  habitées par les fées qui sentent le soufre du Diable..

Place à la Fée électrique et au nucléaire!

Alain Morel

.Sur la carte IGN  au 1:25 000 le site des cascades n'apparaît pas étrangement comme pour la rivière de l'ELEZ  entre le barrage  et la départementale D14.

Le site des cascades est aujourd'hui caché par les arbres et par des broussailles ,mais il y a un débit d'eau réservé toute l'année , du barrage aux cascades par l' EDF .Le peu d'eau qui dévale dans les rochers et dans les cascades  fait que ce site a gardé quand même  son charme et sa beauté .Il a sûrement put ainsi être préserver de l'emprise du tourisme ( Moins d'une centaine  de personnes par an doit à mon avis visite ce lieu féerique .)

Des autochtones et même des pêcheurs vous diront qu'ils connaissent bien la Cascade, mais en fait ils vous la situeront en amont du barrage. Ils croient que le chaos du Milin Mardoul. est la Cascade de l' Elez.


Longtemps, le lieu n'eut rien de confidentiel. .Il était même autrefois aussi fréquenté. que les sites du Huelgoat. Quand aux voyageurs qui parcouraient la région au début du XX'siècle, les guides édités à leur intention  donnaient toutes les clés nécessaires à un circuit associant chapelle, manoir et cascade, au chaos du Huelgoat qui,à quelques kilomètres de là, faisait déjà le bonheur des touristes. Certes, les guides contemporains mentionnent toujours l'existence du chaos de Saint-Herbot, mais sans s'étendre vraiment   sur le sujet. Comment expliquer que la cascade de Saint-Herbot ait été oubliée, pratiquement du jour au lendemain, en dépit d'un caractère spectaculaire la plaçant au premier rang des beautés naturelles du pays

La raison en est certainement à trouver dans les constructions, vers 1930, du barrage de Nestavel ( le lac de Brennilis) d'une centrale hydroélectrique en aval de la cascade. Elle eut pour conséquence de barrer le cours de l'Ellez en amont du chaos, par le barrage de Saint Herbot . (Source article d' Armen n°135 Armel Morgant)

Le barrage de Nestavel


Le sanctuaire près chrétien du Koad-Elez

 

La tradition mythique est centrée ici sur le héros celtique (demi-dieu) Ogmios(colosse aux pouvoirs magiques et  psychopompe dont l’attribut était une chaîne , l'Héraclés celtique,"le Gargantua des légendes" l'Hercule le Jesus païen .. Ici il s'appelle GEWR , comme dans toutes les traditions indo-européennes concernant le Gargantua   le pied du géant glissa; il tomba et il ne se remit pas de sa chute .Il mourut  .Notre géant GEWR , peu après et fut enterré sous le tumulus de la crête   du roc'h bleingueor  qui surplombe le hameau de Saint Herbot. Il fut replié neuf ou sept  fois sur lui-même,ce qui fait penser à la souplesse  d'échine d'un serpent. N'est-il pas en réalité  le serpent  des anciens cultes et qui a en fait  les mêmes  attributs de la  légendaire Vouivre . D'ailleurs Saint Herbot, tenu pour le vainqueur , ne serait peut-être pas différent de lui :ce nom ne vient-il pas du "celtique"Sarpatos,comme le géant Herpin du Roman de la Table-Ronde.(le S gaulois  évoluant en H  en breton moderne.) .

Le géant Harpin du  Roman de la Table -Ronde de Chrétien de Troyes,

Ce personnage quiévoque spontanémént à l’oreille d’un bretonnant l’appui, le soutien apporté, voire le coup d’arrêt, ne trouve pas cependant dans de semblables étymologies chaussure à son pied. Nous préférons le rapprocher de son collègue, le Gawr du Huelgoat, et du saint bien particulier qu’on dit être le vainqueur de ce dernier et qu’on honore comme un protecteur du bétail et un collectionneur de queues de vaches, saint Herbot, doté d’une superbe chapelle en Plonevez-du-Faou, à proximité des marais et de la rivière de l’Ellez. Herbot nous paraît avoir succédé à un Sarpatos gaulois, autrement dit à l’un de ces grands serpents ou dragons qu’on vénérait par la campagne armoricaine. De là avons-nous tiré que Herbot, comme le Gawr, devait être en notre temps la pérennité d’un monstre de ce genre, d’ailleurs bon enfant et se prêtant à défendre les troupeaux contre les loups. Harpin n’est pas très éloigné, ni comme personnage, ni comme phénomène linguistique. En phonétique historique du breton, il apparaît normal que le mot vienne d’un * Sarpinos qui rejoint le * Sarpatos celtique, le breton Sarpant et le Serpent du français moderne. Le mot a été romanisé, d’où le maintien du p, tandis que Herbot continuait à évoluer en phonétique bretonne. La terminaison – inos est connue en celtique comme la terminaison – atos et il ne semble y avoir là que variante de peu d’importance. On parviendrait en admettant ce schéma, à une conception nouvelle des géants de la Fable, et de la tradition arthurienne en particulier, qui ferait d’eux et des Dragons les mêmes êtres, à la fois très grands et serpentiformes. Gwenc'hlan Le Scouëzec   Arthur, Roi des Bretons d'Armorique

Un surnom du Diable en breton est HERPIN  soi le serpent .Un autre surnom breton de Gargantua est Rannou ;un village de la vallée de Koad-Elez  porte le nom de Kerrannou ( Keraznou en 1490)

Dans le nom de la légendaire Vouivre, certains retrouvent une racine indo-européenne Gwer, Gwor, indiquant une idée de "chaleur" et dont dérivent des mots allemands, anglais et français qui ont perdu le son gutt"ural initial ou qui l'ont adouci en un f comme warm et four; en d'autres termes.           http://fr.wikipedia.org/wiki/Vouivre

Les représentations sculptées de la Gaule expriment le lien du serpent à l'eau : une partie importante des sculptures montrant un serpent a été retrouvée aux lieux de sources sacrées ou de sanctuaires d'eaux (comme Luxeuil, Sainte-Valdrée, les Sources de la Seine, Vichy...). Sur certaines figurations, on voit que bizarrement l'appendice du reptile prend la forme d'une queue de poisson; il était donc relié au monde aquatique (ainsi à Curgy, en Saône-et-Loire, ou à Lantilly, en Côte-d'Or) (Lacroix, 1997, 81, 83-84, et planche, 81).

La zone bordant la cascade près de l' ancien moulin s'appelle gwarenn gwarc'h :la friche ( un terrain pierreux à flanc de coteau) de la sorcière.

Le diable du calvaire de Saint Herbot.Le diable du calvaire de Saint Herbot

 

Les noms d'origine gauloise la Gaule des dieux  Jacques Lacroix  édition Errance 2007  


http://www.t4t35.fr/Megalithes/AfficheSite.aspx?NumSite=31535

 

Les ruines du tombeau du Gawn ou du Gwevrel sont situé en Plounévez du Faou et non pas en Locqueffret comme indique la légende de la carte postale .Le site existe toujours mais il s'agit en fait d'une ancienne allée couverte?Certaines pierres de cet alignement ont disparu, pour ma part ,elles doivent être dans un jardin comme décoration?

Notes d'un voyage dans l'ouest de la France Prosper sur ce site par Mérimée 1837



 

Les douze sybilles  de la chapelle de Saint Herbot

 

 

Les moines  bénédictins étaient déjà installés à koad-Guinec (attestation par les gestes des saints de Redon , rédigés vers 869).Mais ici ceux sont des ermites venus de Terre Sainte de l' ordre des Carmes vers 1270 qui sont à l' origine du sanctuaire de la chapelle de Saint Herbot.

La récupération de l' Eglise  des cultes païens est une particularité  en Bretagne, elle s'employa à changer les caractéristiques symboliques  des divinités au profit du christianisme.

 Cet ermite qu'on dit Anglais, Saint Herbot est un saint patron breton des bêtes à cornes .Les cultes de protection et de guérison du bétail en Bretagne sont situés non loin des alignements  de menhirs et des chaos de pierres des rivières  comme pour saint Nicodéme qui avait  son autel dans la chapelle, saint Gildas  et Saint Cornély à Carnac C'est une légende inventée à la fin du XIII ième siècle. Saint Herbot ne fait pas parti des saints fondateurs de la  Bretagne. 

 L' autel où on dépose en offrande les queues de vaches '  

L'un des deux autels où on dépose en offrande les queues de vaches, l'autre servait à recevoir les mottes de beurre.

 

 

    Une miséricorde des sièges des stalles.

    SAINT HERBOT LE GRAND BOUVIER

    SAINT HERBOT Elgezheg << le menton long>>

     

    Dans un vallon au bas du Rusquec, un jour, un pauvre moine vint construire son ermitage. Il arrivait de Berrien d'où les femmes l'avaient chassé à coups de pierres, parcequ' il catéchisait à l'excès leurs maris. Pour les punir, le moine avait prédit que désormais nul pouvoir, fût-il surnaturel, ne pourrait débarrasser Berrien des pierres qui encombraient son sol. Mais la sainteté de l’ermite s'est affirmée sur d'autres propos que ceux de cette légende populaire et a prouvé avoir conduit vers le Seigneur les âmes montagnardes.

    Guèvrel, le propriétaire du Rusquec, bien que païen, n'accueillit pas trop mal l'ermite. Il lu, prêta même une paire de bœufs blancs pour le charroi des pierres de son logis. Mais bientôt le géant remarqua que ses fermiers, au lieu -de travailler, préférait réciter les prières et chanter les cantiques du Saint. Il en était de même de sa femme et de sa fille que l'ermite avait baptisées. Guèvrel entendait rester maître chez lui et le plus simple était donc d'envoyer Saint Herbot jouir du délice du Paradis des anges. Il choisit une nuit sans lune où l’ermite dormait en toute quiétude. En levant sa masse pour l'écraser, il glissa et tomba en avant sur la tour de l'église. La flèche, qui existait alors, lui défonça l’estomac. Il put se dégager en la renversant, et se traînant jusqu'à la lande proche, il rendit un terrible dernier soupir. Les paysans l’enterrèrent dans une fosse où son corps fut replié sept fois sur lui-même. Des pies assemblées recouvrirent le tout en un tumulus que les montagnards nomment toujours Bez-Guevrel.

    Les bœufs que Guèvrel avait prêtés à Saint Herbot ne voulurent pas quitter l’ermite et après sa mort restèrent autour de sa tombe, accroupis tout le jour, côte à côte devant le porche. Les paysans des environs pouvaient s'en servir à condition de venir les prendre au soir tombé et de les ramener avant le chant du coq. Un jour, un fermier trop intéressé ayant voulu les garder après l'heure fatidique, les bœufs disparurent du placitre où ils veillaient fidèlement le Saint. Cependant ils n'abandonnèrent pas pour cela la contrée et des gens de foi affirment les avoir vu apparaître blancs et lumineux en la nuit et avoir parfois entendu, dans les prés avoisinant l'église, des beuglements qui n'avaient rien de ce monde.

    Saint Herbot aimait tant les bestiaux, qu'aussitôt en Paradis, il demanda d'être leur patron. De leur côté, les animaux lui sont demeurés fidèles. Aussi lorsque leurs maîtres ne les mènent pas au pardon de Saint Herbot, ils s'y rendent tout seuls, font trois fois le tour rituel de l'église et rentrent à leurs étables.

    L'église de Saint Herbot, dont la flèche ne fut construite que par la légende, est l'une des plus jolies (choses de Bretagne. Les trente mètres de sa tour rendent " plus petit le vaisseau ogival de sa nef ajourée de fenêtres flamboyantes. A l’intérieur repose, sous une table de granit sculptée à son image, Herbot, le Saint Patron. Un somptueux chancel Renaissance fait voisiner les Saints de Dieu et les sybilles païennes et sépare le chœur de la nef et des fameuses tables d'offrandes. En hommage au patron des bêtes à cornes, les paysans y déposent les queues de bœufs et de vaches que le recteur revend au bénéfice de la paroisse. Si le pardon est moins fréquenté que par le passé, les femmes de la région quand elles font du beurre récitent toujours la formulette :

    An Aotrou Sant Herbot

    A oar lakaad dienne-barz ar ribod

    Monsieur Saint Herbot sait faire venir la crème dans la baratte.

BERNARD DE PARADES  ( Huelgoat) Edition Jos Le Doaré  1955)

SEIGNEURS  DU  RUSQUEC

Une miséricorde des sièges des stalles.

Sur la hauteur boisée dominant Saint-Herbot, un château à demi ruiné est converti en ferme. Dans la cour d'honneur, les restes du grand logis béent de fenêtres plus grandes que les portes. Une vasque, un puits et un colombier solide comme un bastion, des murs croulant sous le lierre, des jardins livrés aux herbes folles. C'est le célèbre Rusquec,

Son architecture à tourelles et à portails gothiques le date du xvr siècle. Mais son arbre généalogique le racine fort loin dans les temps de Bretagne légendaire.

Il est dit que le Rusquec fut autrefois l'habitation de Guevrel, seigneur du lieu et géant par surcroît. Il avait une taille telle que dans ses promenades, il passait la main sur la cime de la forêt d'Huelgoat en répétant : « La fougère est vraiment belle cette année ».

Guevrel avait deux frères aussi grands que lui. A quelques lieues de là, dans les Montagnes Noires, ils se construisaient des châteaux à leur mesure. Les coups de leurs masses sur les rochers étaient tels que la terre en tremblait de Brennilis à Trégourez. Quand l'un d'eux faussait son outil, d'une voix de stentor, il demandait à l'un de ses frères de lui prêter le sien. Alors, par-dessus montagnes et vallées, le pic ou la masse voltigeait jusqu'à lui.

Guevrel avait ouvert sa carrière tout près du Rusquec. Dans les chaos, où naguère vivait en grondant une magnifique cascade, le géant façonnait ses pierres de taille que se reconnaissent, paraît-il, dans les soubassements du château. Mais Guevrel était un grand « soiffard » et pour se désaltérer sans quitter son travail, il n'avait pas hésité à faire venir à lui l'Elez, cette rivière montagnarde qui nait au pied de Saint-Michel-de-Braspartz. Pour boire, le gigantesque bonhomme se servait d'une coupe de granit qui existe encore devant la porte d'entrée du château. C'est la fameuse vasque du Rusquec, blasonnée des armes des seigneurs de l'endroit et de celles de maintes grandes familles de Bretagne.

Le Rusquec fut habité noblement jusqu'au milieu du dix-huitième siècle. Ses derniers possesseurs, les Kerlech, étaient, dit-on, les plus accommodants des maîtres. L'un d'eux se promenait souvent en chaise à porteurs. Mais son bon cœur le poussait à s'inquiéter de la fatigue de ses valets. Lorsqu'ils entendaient un « Reposez-vous donc mes enfants » les serviteurs s'empressaient de déposer leur charge sur le bord du chemin et de commencer une partie de galoche. Au bout d'un moment, le vieux marquis disait : « Allons mes enfants, c'est assez joué, en route !  Oh ! Monsieur le Marquis, vous attendrez bien que la partie soit finie. Et le Marquis attendait le temps voulu. Cet Alain de Kerlech prenait toujours la défense des paysans, à tel .point qu'un jour, à la foire de Saint-Herbot, il tua de son pistolet un maltotier venu de Brest pour percevoir une taxe sur la vente Des bestiaux.

Cela et bien d'autres choses expliquent pourquoi, au siècle dernier, dans la région, l'usage était de mettre chapeau bas quand on prononçait le nom des anciens marquis du Rusquec. Venant des descendants des fameux « Bonnets Rouges », dont le goût républicain ne date pas de 89, l'hommage avait sa valeur.

BERNARD DE PARADES  ( Huelgoat) Edition Jos Le Doaré  1955)

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LA VIE DE SAINT HERBOT

 

SAINT HERBOT

Camille CLECH Michel PENVEN Association <<Sur les traces de François Joncour>>(en vente au café GUILLOU Saint Herbot)

 

La vie latine fut sauvée de l'oubli par les "bollandistes, communiquée à eux par leurs confrères jésuites  de Quimper. Elle parut en 1715 dans le supplément  de juin des Acta sanctorum. Ce texte court s'attache à exalter les vertus du saint mais ne contient pas beaucoup de données sur le personnage et les lieux où il vécut.

Œuvre d'un auteur anonyme sa rédaction ne remonte qu'au XIVe ou XVe mais il aurait existé une version plus ancienne. L'auteur rapporte que "la guerre survenant, vinrent les Anglais qui ayant volé le chef du saint décoré d'argent et d'or ainsi que sa légende, les emportèrent en Angleterre".

S'il n'est fait aucune allusion aux dégâts causés à l'édifice, ces faits peuvent cadrer avec la guerre de Succession du duché au cours de laquelle les Anglais prêtèrent main forte aux montfortistes.

Cette perte n'empêcha pas, selon lui, d'innombrables miracles de se produire, il n'en retient que deux qui lui-ont été relatés par des témoins dignes de foi. C'est ainsi qu'un certain noble qui s'était engagé injustement par serment, sur le corps du saint, pour une affaire, envers un certain pauvre retrouva mort dans son écurie son cheval d'un grand prix,,(les serments sur les reliques des saints étaient une pratique courante): Le second miracle évoque quant à lui le cas d'un homme qui s'était proposé de visiter dans l'année l'église du saint et d'y apporter des offrandes pour ses animaux, mais qui négligea de le faire par cupidité; cela lui valut de retrouver dans l'étable ses animaux prostrés et presque morts. Ayant reconnu sa faute il se rendit à l'église et dans l'heure où il y entra tous ses animaux recouvrèrent la santé. Tant qu'il vécut il accomplit pieusement son vœu et ses affaires restèrent dès lors prospères;

A en croire l'auteur, Herbaudus c'est ainsi qu'il le nomme, serait né en Grande Bretagne de parents nobles. A son baptême il reçut ce nom composé de Her signifiant vigilant ou se levant et Baudus qui équivaut à don de Dieu ou bienfait. Devenu adulte il s'adonna à la prière, aux veilles et aux jeûnes. Attiré par le désert il arriva dans un bois où il rencontra dans une grotte solitaire un saint homme qui lui rappela les paroles du Christ, il prit congé des siens et gagna l'Armorique où il accomplit nombre de miracles.

Ayant voulu un jour construire dans un bois entre les rochers une cabane,

il en fut chassé par les femmes du pays malfaisantes  à coups de pierres, . Arrivé dans un autre bois il y rencontra une femme qui ramassait du bois, illuminée par la grâce de Dieu ,il lui posa sur la tête un gros rocher pour qu'elle le porte au lieu où devait être édifiée son église. Elle n'en sentit pas le poids bien qu'il fut impossible à des hommes en grand nombre de bouger la pierre, (ce rocher se trouve encore aujourd'hui dans les fondations de l'édifice.)

Il habitait parmi les serpents, les scorpions et les loups rapaces, sans que ceux-ci puissent lui nuire. Brebis, bœufs, serpents, loups  obéissaient ses ordres tout comme les oiseaux.

Un jour, une femme qui avait: vu son bétail enlevé par des bêtes vint lui demander son aide.

Grâce à ses prières, une foule de bêtes sauvages se présentèrent, ramenant le bétail, qu'elles tenaient par la gorge. En venant à la grotte du saint située dans la paroisse maintenant appelée par les autochtones Berrien en Halgouet (Huelgoat ancienne trêve de Berrien), une foule de malades, hommes qu'animaux, souffrant de la tête et des membres étaient guéris par lui.

Un ange lui ayant annoncé sa fin prochaine, un moine se présenta avec l'hostie consacrée et lui administra les sacrements. Des prêtres et d'autres religieux recueillirent son corps et l'ensevelirent dans l'église que les gens des alentours nomment maintenant Saint Herbaud où son corps repose en paix.


Albert LE GRAND (Hagiologist.), Joseph Marie GRAVERAN  Daniel Louis Olivier Marie MIORCEC DE KERDANET
1837

Est-il possible aussi que le P. Albert ait pu confondre St. Herbaud avec st. Herblon; St. Herbaud, dont le moindre pâtre de Cornouaille lui aurait dit l'histoire ? Ce saint anachorète en effet avait vu le jour dans la Grande-Bretagne, Majori Britannià oriundus. On lui avait donné le nom d'Herbaud, quià her inter pretatur vigilans, sive consurgens, et baudus quod idem est quod donum Dei. Il remplit fidèlement les conditions de son nom : vigilans enim vigilavit; et consurgens, sicut lux auroræ oriri visus est. Il vint en Armorique , s'y établit dans une épaisse forêt, y bâtit une petite cellule, speluncam in parrochiâ, quæ nunc ab incolis nominatur Berrien-an-Halgovet (Huelgoat); puis, une petite église, dont la pierre fondamentale était un grand rocher, saxum magnum, quod quidem in Ecclesiæ fundanento,usquè in hodiernum diem, omnibus notum est. Il fut l'apôtre de la contrée; y dissipa , par ses prédications, l'incrédulité des Gentils et confirma sa doctrine par des miracles sans nombre : les éléments et les bêtes sauvages lui obéissaient comme au Dieu de la nature : ibidem  commoranti oves , boves , serpentes , lupi rabidi ad nutum obediebant, aves quoque et volucres cœli, quià mandata Dei, cum omni cordis puritate , religiosè observa bat. « Ce dont on ne doit pas être surpris, dit un auteur; car » l'homme innocent mérite de jouir des avantages que le seigneur avait accordés à nos premiers parents et qu'ils ont perdus par leur péché; c'est ainsi qu'on voyait, dans les premiers » siècles de l'église, les animaux les plus féroces, quoique excités au carnage, venir se coucher aux pieds des martyrs et s'abstenir de leur faire le moindre mal; leur donnant, au contraire, » des marques de soumission.» St. Herbaud mourut en paix dans son Hermitage, et fut inhumé dans l'église qui a retenu son nom: in ecclesiâ, quæ nunc sancti Herbaudi à convicinis nominatur. (Hæc ex Bolland. excerpta.)Cette église est située dans un vallon sauvage, appelé le cahos, dominé, de toutes parts, par des montagnes, couvertes de chênes, de hêtres, de sorbiers, d'où s'élance, en hiver, un torrent furieux qui, se précipitant sur un lit de gros rochers, s'y brise, écume et jaillit, et, dans son cours, sautant de roc en roc, forme diverses cascades, dont les eaux turbulentes viennent s'apaiser enfin aux pieds du tombeau de l'Hermite. Non loin de là, vécut aussi le troubadour Eudes Marec, dans les bosquets de roses du château du Rusquec, « où, plus- tard, métamorphosé en ramier, il venait voltiger sous les croisées de la belle qu'opprimait le jaloux Caërwent



 

GWEVREL LE GEANT DU MANOIR DU RUSQUEC

collection personnelle

Gwevrel était un sacré morceau de bonhomme; il avait deux frères, aussi grands que lui. L'un appelé Gwinklaon, un homme effroyable, sa bouche à l'arrière, sur son dos, habitant Menez Toullaeron entre Spézet et Gourin; l'autre quelque part dans les bois de Laz. A la même époque ils étaient en train de bâtir leurs manoirs, les mêmes outils leur servaient, et quand ils avaient besoin d'un marteau ou d'une truelle, un cri pour le demander, et de suite les outils étaient jetés d'un manoir à l'autre. Le manoir du Rusquec étant fini, la plupart des ouvriers restèrent avec leurs familles dans les cabanes bâties aux environs pendant les travaux. Un jour vint un vieux moine appelé Herbot pour faire son ermitage dans la vallée près du Rusquec, sur les terres du géant. Il était venu là après avoir été chassé par les femmes de Berrien, où il avait auparavant son ermitage; on l'accusait d'avoir enjôlé les hommes, autant les vieux que les jeunes; au lieu d'aller aux veillées le soir, ils allaient écouter les sermons et chanter des cantique avec l’ermite. Il avait dû quitter le pays après avoir reçu des pierres lancées par les femmes; en s'en il avait jeté sa malédiction sur cette contrée, en disant "Jamais les terres de Berrien seront sans pierres" Le géant du Rusquec bien qu'il fut païen, le reçut et prêta des bœufs pour l'aider à bâtir son ermitage. Quelques temps plus tard les fermiers furent épouvantés en voyant un moine aveugle conduit par un loup venir rendre visite à Herbot. C'était Hervé, ermite du Menez Bré. Le géant quand il le vit se mit en colère : "Hopala" dit-il, "j'ai été imprudent en laissant s'installer au pays un fainéant; les fermiers passent leur temps à écouter des discours et à chanter des cantiques. A cause de cet ermite le travail n'est pas fait en temps voulu. Qu'ils s'en aillent d'ici aller prêcher et chanter dans un lieu d'où on entendra plus parler d'eux. Car s'ils testent au pays, bientôt ce sera la famine ici' Fantic, l'épouse de Gwevrel, et Laid sa fille, gagnées par la foi chrétienne et baptisées depuis peu de temps, les défendirent et les aidèrent du mieux qu'elles purent. Aussi  Herbot fut laissé en paix pour un moment. Hervé ne resta guère à l'ermitage du Rusquec, car on avait besoin de lui au Menez Le géant toujours en colère se demandait comment il se débarrasserai du Saint ermite; il alla parcourir le pays pour prendre l'air; pendant ce temps Herbot commença à bâtir une église. Ce ne sont pas les animaux qui lui manquaient pour charroyer, ni les bras pour l'aider. Fantic et sa fille lui procurèrent tout le nécessaire pour ce travail, et ainsi, comme par miracle, l'œuvre fut achevée et en peu de temps une très belle église était bâtie, avec un très beau clocher. Quand le géant revint, en passant à côté de l'église : "Tiens, donc" dit-il "voilà une touffe de fougère qui a poussé bien haut", et de l'enjamber, car c'était un homme bien élevé; malgré tout le coq accrocha son pantalon à i'entre-jambes, et s'agitant pour s'en tirer, le géant fit chair le clocher coupé au niveau de la balustrade l’église est restée depuis en cet état; le géant, en tombant, fut pris sous les grandes pierres, une d'entre elles lui écrasa la tête, tant qu'il mourut trois jours plus tard après avoir reçu les sacrements du baptême. Ensuite, il fut enterré au sommet de la montagne sur un lieu plat, où on lui a élevé une tombe à sa taille, et pour l'enterrer on le plia neuf fois, et chaque pli avait neuf pieds de long. Comme tombe il avait deux rangées de grandes pierres sur le chant et couvertes par de sacrées pierres larges. On l'appelle toujours tombe de Gwevrel, quoique aujourd'hui il reste peu de choses debout de cette tombe. Car un pauvre malheureux qui avait voulu bâtir une maison au boni du grand chemin auprès de "Bez Gwevrel" trouva là des pierres bon marché et proches pour le charroi. Aussi il détruisit la tombe pour faire sa cabane. Quand Monsieur le Maire vint pour y mettre le holà, le malheur était fait. Il ne restait plus que deux ou trois grandes pierres, sur leurs côtés en terre.

On doit regretter ce méfait.

François Joncour ( son parcours en centre Finistère association "Sur la trace de François Joncour 1997)

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. Le géant  le seigneur du RUSQUEC.

Une miséricorde des sièges des stalles.

A l'époque où les premiers missionnaires chrétiens arrivèrent en Bretagne, un saint personnage nommé Herbot vint établir son ermitage dans le lieu où est maintenant la chapelle qui porte son nom. Or, il advint que tous les habitants de ce pays étant païens, le saint homme fut exposé à de cruelles persécutions... Au nombre de ses plus cruels ennemis était le seigneur du Rusquec, un des hommes les plus savants du pays. Il avait parmi ses amis un géant énorme qui lui était entièrement dévoué, parce qu'il l'avait soigné dans une grave maladie. Un jour le savant païen fut trouver le géant et lui dit : « Je suis fatigué d'entendre si près de moi la voix de ce chrétien maudit ; je veux qu'en reconnaissance du service que je t'ai rendu, tu trouves le moyen d'empêcher le bruit de ses prédications et de ses cantiques d'arriver jusqu'à moi. » Le géant se mit aussitôt à chercher un moyen de se rendre agréable à son ami. Ce pays n'était pas alors ce qu'il est aujourd'hui. A la place où l'on voit les beaux bois du Rusquec, il n'y avait qu'une montagne aride, toute couverte de grands rochers. Les géants ne brillent pas par l'esprit ; mais il paraît que celui-ci en avait plus que les autres, car voici ce qu'il imagina : « Je vais, dit-il, enlever toutes ces grosses pierres qui couvrent la terre de mon bienfaiteur, et je les jetterai ensuite dans la rivière qui coule près de la maison de ce chrétien. Les eaux seront forcées de s'élever au-dessus du barrage que formeront les rochers, et le bruit qu'elles feront sera assez fort pour couvrir la voix de l'ennemi du seigneur du Rusquec, auquel je rendrai de la sorte un double service. » En quelques tours de main les rochers furent précipités dans la rivière et les eaux y formèrent une cascade dont le bruit devait dominer la voix de l'homme de Dieu. Mais il arriva que le bruit de la chute d'eau, quoique perceptible dans toutes les autres directions, ne se fit pas entendre du côté de l'ermitage... Le géant et le seigneur périrent tous les deux de mort violente...

A un kilomètre de la chapelle de Saint-Herbot, sur le flanc d'une montagne, se trouvent les ruines d'une grande allée couverte, connue dans le pays sous le nom de tombeau du Géant (Bé Keor). La tradition rapporte que là était enterré un géant dont le corps, lors­qu'on le mit dans le tombeau, avait été replié neuf fois sur lui-même et que chacun de ces plis avait neuf pieds de longueur. La seule particularité que l'on raconte de lui est qu'ayant un jour, en se promenant, passé par-dessus l'église de Saint-Herbot, l'extrémité de la tour toucha le haut de ses jambes. « Tiens, dit-il, la fougère est bien haute dans ce pays-ci. » II est probable que ce géant est le même que celui de la légende de Saint-Herbot (près Huelgoat). »

(Le Men, Revue celtique, 1.1, p. 415-417).

« Près de Saint-Herbot est le dolmen, autel et tombeau d'un druide, qui passe pour recouvrir la dépouille d'un géant que vainquit dans une lutte acharnée le saint patron du lieu, et dont l'horrible cadavre ne put entrer dans cette vaste tombe que coupé en soixante-dix-sept morceaux. »

(Galerie bretonne, 1.1, p. 136)


Les bœufs de Saint Herbot

Saint Herbot avait commencé par s'établir à Berrien sur les pentes de la rude montagne de l'Arrée. Sa prédication captivait tant les paysans qu'ils en oubliaient de travailler leurs terres. Du moins   leurs femmes le prétendaient. Quoi qu'il en soit du vrai, elles menèrent au saint une vie impossible. On lui vola les pauvres vêtements qu'il mettait à sécher, on parla de faire flamber sa hutte, on alla même jusqu'à jeter des pierres en criant des injures.

Herbot qui avait patienté longtemps, finit par s'emporter : « Que la terre de Berrien ne produise plus que du caillou ! Que Dieu même dans sa toute puissance fasse qu'on n'en puisse arracher les pierres ! » Et, sans se retourner, Herbot partit, laissant derrière lui des rochers semés par toute la campagne... Il arriva bientôt aux lieux où il devait se fixer jusqu'à sa mort et commença à bâtir son « penity ». Il lui fallait un attelage.

« Allez à mon troupeau, lui dit le maître du Rusquec, je vous donne deux bêtes à votre choix. » En fin connaisseur, Herbot choisit deux magnifiques bœufs, parmi les plus beaux. On dit qu'ils restèrent attachés au saint tout le temps de sa vie, tant et si bien qu'à sa mort ils ne voulurent se tenir ailleurs qu'auprès de son tombeau. Ils ne quittèrent ces lieux qu'à la. suite de ce que je vais vous dire.

Une coutume s'était établie qu'on pouvait venir prendre les bêtes pour les labours, le matin au lever du soleil... « Mais à une condition, Jean-Marie, c'est que tu les ramènes avant le coucher du soleil!,! » Or, un jour, il y eut un Jean-Marie si acharné au travail qu'il vint prendre les boeufs avant l'aurore, et ne les reconduisit qu'une heure après que la nuit fut venue.

Le lendemain, les bêtes avaient quitté le tombeau de saint Herbot pour ne plus revenir. Certains affirment que dans les nuits noires deux grands bœufs lents errent dans la campagne en meuglant. Mais personne, jusqu'ici, n'a pu les approcher.

paul Marzin

Y-P Castel ( Légendes dorées des saints bretons  Editions de Jos  Le Doré 1960 )

La Bretagne  par M. Jules Janin  ( 1844)

Tout-au-dessous de cet abîme, au bord de son bel étang, est situé le bourg de Huclgoat. À quelques lieues plus loin", entre la Fouillée et Gourin, non loin de Saint-Derbot, admirable chapelle perdue au milieu du désert,on rencontre une cascade plus remarquable peut-être que la cascade du lïuëlgcat. Les eaux de l'Ëlcz se précipitent de ces hauteurs dans une étroite vallée; pendant un quart de lieue vous suivez  l'eau bondissante sur son lit de rochers. A chaque pas, dans ces montagnes, la nature change d'aspect : précipices, rochers, sentiers glissants, vallées charmantes pleines de repos et d'ombrage, prairies, métairies, moulins; au fond de la vallée les gras pâturages et les grands bœufs dont il est parlé dans Virgile.Puis, peu à peu, à mesure que s'élève la montagne, paraissent les bruyères, se montrent des ajoncs stériles; la terre est nue, le quartz étincelant a remplace les herbes verdoyantes; parfois, et surtout vers le printemps, sur la pente inclinée de ces montagnes, s'élève une épaisse fumée : c'est le paysan de Bretagne qui brûle les ajoncs dont la cendre servira à féconder la moisson prochaine.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2051002/f1

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Janin


Saint Trémeur ou l’homme sans tête et Saint  Herbot.  Ernest du Laurens de la Barre Contes et légendes de Basse-Bretagne ( 1891)

Il faut vous dire que le vieillard n’était autre que saint Herbot, l’ermite. Vous connaissez sans doute de réputation saint Herbot, l’ami des laitières, un saint plus doux que le beurre frais.

 

Enfin, quand ils furent rendus un peu loin, l’ermite, voyant que son compagnon suait à grosses gouttes à porter ainsi sa tête sur son cœur, lui offrit d’abord de la porter à son tour, pour le reposer. Mais aussitôt il réfléchit que, s’il lui tirait tout à fait sa tête, il était probable que le pauvre diable ne s’en trouverait pas mieux. Et pourtant on dit qu’il y a bien des gens qui seraient bien meilleurs sans leur mauvaise tête. N’importe, il vint tout à coup une fameuse idée à saint Herbot. Vous allez voir.

On passait alors devant une ferme, et la ménagère barattait du lait sur le seuil de sa maison.

— Vous faites là de beau beurre, dit l’ermite.

— Ma foi non, mille malheurs ! répondit la fermière en jurant un peu. Ce fichu lait ne lève pas du tout ; à cause de l’orage, apparemment.

— Bah ! fit le saint en riant ; c’est que vous ne vous y prenez pas bien, bonne femme

— Ah ! répliqua celle-ci, je ne m’y prends pas bien ! Voilà qui est fort ! Moi, la meilleure du pays pour le beurre ! Vous radotez, vieux bonhomme.

— Par les cornes de ma vache ! dit saint Herbot. Tenez, bonne femme, je parie qu’en trois coups je fais lever toute votre barattée, si vous voulez m’en donner un petit morceau après.

— Un morceau je vous donnerai, dit-elle, mais quant à faire lever mon beurre en trois coups… vous plaisantez.

— Possible, mais laissez-moi faire.

Et, en disant cela, l’ermite prit le manche du ribot, frappa trois bons coups, ni plus ni moins, et dit à la fermière :

— Regardez-y vous-même.

En vérité, le beurre était fait, et du beau encore ! C’était merveilleux, et la fermière ne savait trop qu’en penser. Elle pensait, je crois, qu’il y avait du sorcier là-dessous, surtout quand elle vit l’ermite prendre du beurre dans ses mains ; puis, après avoir bien beurré le cou de Trémeur avec son couteau, lui replacer la tête entre les deux épaules et lui dire :

— Maintenant, mon ami, te voilà restauré ; ta tête est assez solide, tu peux courir le monde. Seulement gare au feu et à la chandelle ! Prends garde aux coups de soleil, car du beurre, vois-tu, ça fond à la chaleur, et adieu ta pauvre tête, mon garçon ! Te voilà prévenu. Mais avant que je te quitte, mets-toi à genoux, afin que je te baptise au nom de la Trinité.

Trémeur se mit donc à genoux, et saint Herbot lui versa de l’eau sur le crâne, en disant : Ego te baptiso, ce qui veut dire, si vous savez le latin : « Je te baptise avec de l’eau. »

Voilà qui va bien, très bien, si bien que saint Herbot vira de son côté et laissa Trémeur bien recollé, bien redressé et non moins étonné. Quant au reste du beurre, la fermière, le regardant comme ensorcelé, l’offrit, la bonne âme, à Trémeur, qui l’accepta et le mit dans sa poche pour son souper, vu que l’appétit commençait à lui revenir.

Désormais notre homme pouvait voyager sans trop de crainte, par le temps couvert ; et, en prenant quelques précautions, sa tête, à la rigueur, valait autant que celle de bien des gens. Il est vrai que ses yeux étaient un peu fixes et hagards, et qu’il ne pouvait plus tourner le cou ; mais quand on a été sur le point de perdre à jamais la boule, on ne doit pas y regarder d’aussi près. suite .....


Notesd'un voyage dans l'ouest de la France Prosper Mérimée 1837

St.-Gildas, St.-Herbot

 

Je quittai Morlaix pour visiter les mines de Poullaouen et du Huelgoat , surtout pour explorer les environs où se trouvent quelques monuments remarquables. M. Junker , ingénieur en chef des mines, et directeur de la fonderie de Poullaouen , voulut bien me sacrifier quelques jours d'un temps bien précieux , et grâce aux excellents renseignements  qu'il eut l'obligeance de me donner, je parcourus en peu de temps les points les plus intéressants de la contrée qu'il habite.

 

En allant au village de Saint-Gildas , non loin de Carhaix , nous suivîmes , pendant près d'une demi-lieue , une voie romaine , très reconnaissable à la profondeur de son empierrement , au pavage , summa crusta , qui le recouvre , enfin , à son médiocre diamètre , et à sa direction presque constamment en ligne droite. Cette voie est de l'espèce de celles qu'on nomme communément chemins haussés, parce que leur niveau dépasse presque toujours celui des champs qu'elles traversent. Quiconque a voyagé en Bretagne aura remarqué le système vicieux de la plupart des routes modernes, qui, tracées en ligne droite , arrêtent à chaque instant les voitures par des montées ou des descentes rapides. On ne songe pas que la distance que l'on gagne en suivant la ligne droite , se compense par le temps perdu à ces montées et ces descentes, qui en outre ont l'immense inconvénient de fatiguer extrême ment les chevaux. Les voies antiques n'ont point ce défaut. Suivant toujours les plateaux élevés , les ingénieurs romains ont eu l'art de ne dévier que rarement de la ligne droite, tout en préférant cependant un détour à une pente raide. M. Junker, qui avait reconnu la voie romaine l'espace de plusieurs lieues, m'assura qu'elle ne faisait que de rares flexions. Elle aboutit à Carhaix  qui paraît avoir été un établissement romain de quelque importance et s’embranchent  ,dit-on ,avec une autre voie qui allait de Lesneven à la mer - 1 On y a trouvé un aquéduc et beaucoup de substructions. Elles sont aujourd'hui pour la plupart recouvertes de terre.

 Sur le bord de cette route, au milieu des  bois , on distingue une espèce de petit fort carré, de quel que cinquante pas de côté , entouré d'un fossé. Le  parapet , aujourd'hui couvert d'ajoncs et de broussailles, s'élève encore constamment à plus de trois pieds au-dessus du niveau du sol actuel. Il m'a paru composé de pierres et de terre. La position de ce retranchement sur le bord d'une voie romaine doit indiquer une origine commune. Mais pourquoi un poste militaire dans ce lieu éloigné de tout établisse ment considérable?

Auprès de Saint-Gildas, au milieu d'une vallée assez vaste , s'élève une éminence d'où l'on découvre tout le pays à plusieurs lieues à la ronde. Son sommet, légèrement aplati et de forme irrégulière, est couronné par un retranchement en terre , qui en suit tous les contours. Le plateau n'est accessible que du côté du S.-E. , encore par une pente assez raide. De tous les autres  côtés , et surtout au N.-O., l'escarpement le rend presque impossible à gravir. Je n'ai vu qu'une seule porte à l'ouest de cette enceinte. Aucun vestige de tours ou d'ouvrages avancés , si ce n'est devant cette même porte , défendue par un rempart légèrement convexe , dont les extrémités dépassent de beaucoup son ouverture. Pour pénétrer dans le camp , il fallait d'abord monter la pente S.-E. du plateau , puis longer le retranchement à portée du trait, en suivant la crête de la hauteur ; enfin passer entre le parapet de l'en ceinte principale et le rempart avancé. Dans la position de la porte il me semble voir quelque finesse d'ingénieur. En effet le soldat qui se dirige vers cette entrée, présente le flanc droit au retranchement, et par conséquent se découvre et s'expose aux traits de ses défenseurs '. Faire le tour de l'enceinte, en prenant à droite de la montée , serait impossible , car il n'y a qu'un étroit passage entre le parapet et l'escarpement. Le fossé , que l'œil suit partout sans peine , est aussi profond que le rempart est haut : l'un et l'autre ont trois pieds (il est évident que ce ne sont point les dimensions primitives). Le fossé est large de quatre pieds environ  , le rempart est un peu moins épais.

. Au-dessus du point le plus escarpé de la hauteur, et non au milieu de l 'enceinte , on trouve un retranchement intérieur , occupant un tertre qui paraît avoir été élevé artificiellement. La surface de la grande enceinte ayant été nivelée, je suppose que les terres auront été amassées à dessein pour augmenter la force de cette seconde enceinte. Cette redoute est entourée d'un rempart en terre et d'un fossé large et profond. Sa forme est à peu près circulaire ' Le flanc droit était le plus faible dans une colonne en marche, parce qu'il n'était pas comme l'autre protégé par les boucliers. on domine toute l'enceinte principale. Par sa position ce petit fort pouvait encore contribuer à défendre l'entrée du retranchement. Je suppose qu'il pouvait contenir cent cinquante ou deux cents hommes , et je ne pense pas que tout le camp en ait renfermé plus de deux ou trois mille. Au moment où je m'y trouvais , il semblait presque rempli par la population de Saint-Gildas et de quelques villages voisins, réunis en ce lieu pour voir une course de chevaux. Or, certainement le nombre des spectateurs ne dé passait pas quinze cents personnes '.

On appelle ce retranchement dans le pays le Camp de César; mais outre que sa forme n'indique nullement une origine romaine, sa situation n'est pas non plus en rapport avec les préceptes de la castramétation antique. Pour les généraux romains , la pire assiette d'un camp était une hauteur escarpée. Avant tout ils cherchaient le voisinage de l'eau, qui manque tout à fait en ce lieu. Une plaine ou bien un plateau à pente douce sur lequel leurs cohortes pussent manœuvrer sans obstacle , tels étaient les lieux qu'ils préféraient pour camper. Se reposant sur la force de leurs ouvrages et la bravoure de leurs soldats, ils ne voulaient pas , en s'enfermant dans une position inaccessible , ôter à leurs ennemis jusqu'a la pensée de les attaquer. Dire quelle est l'origine du retranchement de Saint-Gildas , me paraît aujourd'hui chose impossible. Tant de peuples depuis les Romains se sont rencontrés en armes dans la Gaule ! Et jusqu'à l'invention de la poudre , le système de castramétation a été presque uniforme : un rempart de terre avec un fossé. On n'a fait aucune fouille , que je sache , sur le plateau de Saint- Gildas; or c'est seulement par les renseignements de détail que ces fouilles pourraient fournir , que l'on parviendrait u former des conjectures vrai semblables sur l'origine de ce camp. On y trouve rait peut-être des armes , des médailles , des fragments de poteries. Ce seraient autant d'indications précieuses; jusqu'à ce qu'on les ait obtenues, le plus sage parti c'est de s'abstenir de toutes suppositions hasardées.

On rencontre en Bretagne un assez grand nombre de camps semblables à celui-ci. Aucun, à ma connaissance, ne présente une enceinte carrée comme celles des camps romains suivant Polybe et Végèce ; mais il ne s'ensuit pas qu'on doive les considérer comme un ouvrage des barbares , parce qu'ils ont une autre forme. Toutefois, je le répète , l'origine d'une fortification en terre ne peut se déterminer que par la découverte d'objets qui caractérisent un peuple ou une époque.

A la droite de la route de Poullaouen au Huelgoat , occupe l'extrémité d'une hauteur terminée par deux escarpements qui se rencontrent sous un angle assez aigu. Devant la porte pratiquée sur la base du triangle, on a élevé, de même qu'à Saint-Gildas , un ouvrage avancé. J'estime qu'un millier d'hommes pourraient se renfermer dans l'enceinte. La voie romaine dont j'ai déjà parlé passe non loin de là.

Près du Huelgoat, sur un plateau couvert de gros quartiers de  rochers, on voit un camp beau coup plus considérable que les précédents  dont le périmètre, bien que détruit sur plusieurs points, est encore facile à déterminer. On le nomme le camp d'Arzur, corruption d'Arthur probablement '. Ce mot est d'autant plus remarquable, que les paysans bretons d'aujourd'hui me semblent connaître beaucoup mieux César qu'Arthur, leur compatriote, et le héros de romans inventés, dit-on , dans leur pays.

 

Dans la langue bretonne, le T est une lettre mute qui , précédée d'une autre lettre, peut se changer en Z. Ainsi l'on dit ma tad mon père au lieu de ma tad.

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Partant de Poullaouen, que j'avais choisi comme centre de mes explorations, je suis allé visiter l'église de Saint-Herbot, célèbre dans le pays par son Pardon, qui , tous les ans , y attire une foule considérable de dévots et de curieux. L'église paraît avoir été réparée à plusieurs reprises , ou du moins sa construction a duré fort longtemps. Sa forme est celle d'un parallélogramme rectangle ; elle n'a pas d'apside. A l'intérieur , des piliers cylindriques ou carrés divisent la nef, les uns et les autres flanqués de colonnes engagées. A leur épaisseur , surtout au style de leurs chapiteaux , je serais tenté de les croire du treizième siècle; on m'assure que l'église ne date que de la fîn du quatorzième. En Bretagne , il est vrai , le style gothique primitif s'est altéré plus lentement qu'ailleurs , et pour ne citer qu'un détail remarquable, le chapiteau s'est conservé dans cette province jusqu'au seizième siècle, tandis qu'au quinzième il disparaissait de presque tous les édifices de la France centrale.

 Dans le portail méridional de Saint- Herbot et sous le porche qui le précède, j'observe des chapiteaux ornés de feuillages élégants que j'aurais certainement crus du seizième siècle , s'ils n'étaient accompagnés de détails bien caractéristiques du quinzième. Au-dessus de la nef, à l'ouest , s'élève une tour carrée, percée de fenêtres en ogive, entourées de gros tores. On l'aperçoit de fort loin, et l'effet en est délicieux. Elle m'a paru remonter à la construction primitive, à l'exception d'un couronnement de style flamboyant qu'on y a maladroitement ajouté. Le portail occidental , sur lequel on lit la date de 1516, est un placage assez riche; on y remarque l'ogive à contrecourbe, les feuillages gras et frisés (mauves et choux), accompagnés de moulures prismatiques et très saillantes. Une galerie flamboyante surmonte ce portail.

J'ai déjà dit un mot du portail méridional , beaucoup plus important ; ses jolies voussures parfaitement refouillées renferment des figurines ou des rinceaux, un peu maniérés, il est vrai, comme toute ornementation flamboyante. Contre les parois du porche sont rangées les statues des douze apôtres , peintes et dorées ; elles sont médiocres , et leurs draperies à plis cassés et raides manquent de grâce et de vérité. A tout prendre , cependant , l'effet général de ce porche est des plus satisfaisants, et mainte église de grande ville s'en trouverait honorée. Mais le chœur de Saint-Herbot le fait bientôt oublier. C'est une merveille d'élégance et de bon goût que son chancel ou jubé en bois , travaillé dans le style de la Renaissance. Quoique cette délicieuse boiserie ait  beaucoup souffert , elle offre encore plusieurs parties intactes ,où l’on peut étudier un système d’ ornementation riche et gracieux  , frappant dans son ensemble , et qu'on aime ensuite à détailler à loisir. Il serait à désirer qu'on prît plus de soin de ce jubé, qu'on le fit nettoyer et passer à l'huile. Je vous prierai de vouloir bien en recommander la conservation à M. le préfet du Finistère.

Les vitraux , je devrais dire les deux seules verrières qui subsistent encore, sont assez remarquables par le dessin et la richesse des couleurs. Ils portent la date de 1556. Devant l'église, j'ai lu avec quelque étonnement une date de la fin du même siècle , au pied d'une croix de granit , ornée de statuettes, bas-reliefs, etc. , qu'à leur style tout gothique j'aurais certainement crus beaucoup plus anciens.

Adossée au portail méridional , on remarque une petite construction bien lourde, dont les chapiteaux ioniques et la forme prétentieuse annoncent un ouvrage contemporain de Louis XIV. C'est le reliquaire de l'église. Je dois expliquer ce que c'est qu'un reliquaire en Bretagne et quelle est sa destination. Une pratique fort étrange règne dans cette province. Les parents d'un mort le font exhumer au bout de quelques années , lorsqu'ils croient que la terre a absorbé ses chairs décomposées. Les os recueillis sont alors rejetés dans un petit bâtiment construit ad hoc auprès de l'église; c'est le reli pour la mettre dans une boîte , et la placer dans un lieu apparent de l'église, avec cette inscription : « Ci-git le chef de N. » Il est impossible d'imaginer rien de plus repoussant que ce monceau d'ossements blanchis, jetés pêle-mêle au milieu des orties qui poussent toujours en abondance dans les reliquaires. Bien souvent un zèle empressé n'attend pas l'entier dépouillement du squelette , et des lambeaux de chairs puantes attirent les chiens que personne ne prend soin de chasser. D'ailleurs ces ossuaires n'inspirent aux paysans ni dégoût ni respect. J'en ai vu plusieurs s'y abriter de la pluie, d'autres y manger; ' quelques-uns attendaient que j'eusse passé pour y faire l'amour avec leurs maitresses. Je ne sais à quelle époque remonte ce détestable usage ; mais je n'ai pas vu un seul reliquaire de construction ancienne, un seul, par exemple, qu'on pût rapporter à la période gothique. Dans les villes un peu considérables , ces charniers sont des dépendances des cimetières , et n'offensent pas la vue des passants et des dévots comme dans les villages ; mais il y a peu d'églises où l'on ne trouve des chefs '

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A un quart de lieue de Saint-Herbot , M. Junker me fit remarquer un groupe de pierres dont l'origine est inconnue. Il se trouve dans une lande , sur le penchant de l'une des collines dont l'ensemble se nomme la montagne Noire. C'est une espèce de dolmen composé de tables de schiste noir assez minces, les unes plantées verticalement, les autres  horizontales posées au-dessus. On voit peu de ces dernières qui aient plus de cinq ou six pieds de long ; les piliers ne s'élèvent pas à plus de deux ou trois pieds; enfin, par sa forme et par son étendue , ce monument se rapproche beaucoup des kystvens des environs de Saint-Brieuc. Il a environ trente-cinq pieds de long sur quatre à cinq de large ; mais on s'aperçoit qu'un assez grand nombre de pierres ont été enlevées. L'extrémité O.-N.-O. est fermée par une pierre faisant angle droit avec les autres ; on ne peut aujourd'hui savoir si l'extrémité opposée était ou verte comme l'est d'ordinaire la partie orientale d'un dolmen. Ce groupe de pierres s'appelle dans le pays le Tombeau du Géant, et l'on conte que celui qu'on y enterra était si grand qu'il fallut le plier sept fois sur lui-même pour qu'il tînt dans cette enceinte '. Je suis porté à croire que c'est un véritable dolmen, bien que la nature des matériaux le distingue notablement de tous ceux que j'aie vus ou dont je connaisse la description.

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 Comparés aux énormes blocs de la Bretagne et de l'Anjou , ces dalles de schiste paraissent méprisables. Malgré mon scepticisme en fait de monuments celtiques, je me fis une hypothèse pour expliquer la construction exceptionnelle de celui-ci. Ce dolmen , me dis-je , date d'une époque où la religion des druides était persécutée ; ces sectateurs ne pouvaient célébrer qu'en secret leurs mystères, et par conséquent pour élever des dol mens ils choisissaient des matériaux d'un transport facile.... Mais cela , je le sens, ne vaut pas la peine d'être discuté.

1 C'est-à-dire le jour de sa fête , qui , ainsi que celle de tous les saints bretons , se célèbre par une cérémonie religieuse , suivie de danses et terminée par une orgie. Saint Herbot guérit ou préserve les animaux de tout mal. Pour se le rendre favorable, on dépose sur son autel , le jour de son pardon , une poignée du poil de l'animal auquel on s'intéresse. L'année dernière , ces poignées réunies se sont vendues 1,800 fr

1 J'ai vu sur les bords du Rhin des ossuaires fort anciens attenant aux églises, quelquefois établis dans des caveaux voisins de la crypte. Aji reste , en Alsace et dans les provinces Rhénanes , cette coutume se perd rapidement.

1 Ce nom de tombeau du géant doit être noté, parce qu'en général le peuple ne considère par les dolmens comme des monuments funèbres. Celui-ci est le seul auquel j'aie entendu attribuer une semblable destination


 

Les douze sybilles  de la chapelle de Saint Herbot

  L'Arche et l' Arc  présence de l' Éternel

Genèse 9:16

והיתה הקשת בענן וראיתיה לזכר ברית עולם בין אלהים ובין כל־נפש חיה בכל־בשר אשר על־הארץ׃

L'arc donc sera dans la nuée, et je le regarderai, afin qu'il me souvienne de l'alliance perpétuelle entre Dieu et tout animal vivant, en quelque chair qui soit sur la terre.
And the bow shall be in the cloud; and I will look upon it, that I may remember the everlasting covenant between God and every living creature of all flesh that is upon the earth.

Les douze sybilles  de la chapelle de Saint Herbot

La Chapelle Sixtine des bois.

Les  douze sibylles d'Apollon dans nos chapelles des  Monts d' Arrée " annonciatrice de la venue du Messie ."