Association Patrimoine des Monts d'Arrée

« SUR LES TRACES DE MORTIMERWHEELER » Dans les communes de Berrien, Huelgoat, Locmaria-Berrien et Scrignac.

Visite guidée le 21 Mai 2011, Commentée par Michael BATT.

En 1938 Wheeler et ses collègues ont prospecté et fouillé, puis ont rédigé un livre, « Hill Forts du Nord de la France" qui ne sera publié qu'en 1957 du fait de la seconde guerre mondiale. Le suivi des fouilles sur le camp d'Artus à Huelgoat, a été abondamment enregistré et expliqué dans le livre (consultable à l'Association), avec non seulement un texte (en anglais) très intéressant, mais remarquablement détaillé par des photographies et des dessins.

Les archives relatives aux fouilles de Wheeler en France se trouvent actuellement à la bibliothèque de la Société des Antiquaires de Londres. Des photocopies de ses carnets de notes concernant les reconnaissances de terrain en Bretagne et la plupart du mobilier retrouvé lors des fouilles avant guerre en France, ont été remis au service régional de l'archéologie (DRAC Bretagne) à Rennes. Des copies des carnets de notes concernant les sites qui font l'objet des visites d'aujourd'hui ont été communiqué par Michael Batt, archéologue d'origine britannique aujourd'hui en retraite, à l'Association « Patrimoine des Monts d'Arrée » pour informer ses membres avant cette visite du mois de Mai 2011,

D'autres mottes féodales subsistent à Carnoet et Poullaouen.

SITE 1 CAMP D'ARTUS, Huelgoat  {Visite Matin)

Le Camp d'Artus à Huelgoat, au centre du Finistère, est d'une étendue de premier ordre dans une région où les enceintes de ce genre sont normalement petites, ... il a du être à peu près au centre du territoire des Osismes. De plus, dans une région où les fortifications de terre sont sur une seule ligne, le Camp d' Artus présentait, par endroits, une deuxième ligne défensive... intéressante dans le cadre de nos études sur l'oppidum.

Notre ambition se limitait à essayer de mieux connaître:

-les caractéristiques des lignes défensives

-leur date de construction

-la durée de l'occupation

L'oppidum d'Huelgoat dont les fouilles partielles ont montré qu'il était défendu par MURI GALLICI (Murus Gallicus) du genre bien décrit par César. Ce système, nous dit-il, diminuait les risques d'incendie et résistait bien à l'assaut des béliers (et ab incendio lapis et abariete materia défendit). La construction de type Murus Gallicus n'a été révélée que par les fouilles, seul le maniement de pelle pouvait livrer ce renseignement.

On peut y distinguer dans l'ordre chronologique trois parties :

l'enceinte dans sa totalité (72 acres= 30ha de surface interne)

la subdivision en poire à l'extrémité Nord (10 acres=4 ha)

la motte féodale, intégrée dans la pointe Nord.

le Camp d'Artus couvre un promontoire de quelques 2 km de long, situé au nord d'Huelgoat.

La position des grosses boules de granit a été ça et là prise en compte lors de l'élaboration du camp. Ce n'est qu'au Nord que l'accès se fait aisément en pente douce.

Remarques:

1. Il est évident que la première étape fut la construction d'une grande structure unique (étude des points de rencontre)

2. Bien que la grande structure ait été réalisée avant la plus petite, l'absence de dépôts entre l'original et le rajouté, ainsi que l'identité de conception montre qu'elles sont relativement contemporaines.

3. Il s'agit d'une motte féodale, typique du Xte siècle ; une tour de pierre s'y trouvait à une époque ; des témoignages ont fait état de vestiges toujours visibles au début du 19e siècle. Cette tour était, dit-on, de forme octogonale et contenait un puit (en anglais : well, note du traducteur).

Une coupe faite au sommet de la motte au cours de nos récents travaux n'a cependant révélé qu'une grande cavité dans laquelle la tour s'était dressée, sans livrer plus de détails.

La motte, de même hauteur que les plus anciennes fortifications fut construite en remodelant les matériaux pris sur celle-ci. Le fossé qui autrefois entourait la motte, est maintenant en partie comblé pour constituer l'entrée Nord actuelle. Une bonne partie de ce remblai a apparemment été exploitée depuis.

4. Il y a par ailleurs dans l'enceinte Nord des travaux secondaires de faible hauteur de l'époque médiévale ou plus récents.

A 50m au Sud de la motte se trouvent les restes d'un talus et d'un fossé qui, on le suppose, constituait l'ancienne palissade (en anglais : bailey).

Une coupe a montré que le fossé était taillé dans la roche et que le talus avait été revêtu de pierre sèche (en anglais : dry-atone walling). Seul un tesson de poterie médiévale y a été trouvé pendant la fouille.

les recherches d'août 1938 concernant les travaux préhistoriques se sont organisés comme suit:

 - 3 coupes dans les lignes de défense,

- le dégagement complet des entrées sud-ouest et nord-est,

- la fouille de 11 sites à l'intérieur du camp.

Pour situer ces différentes interventions, se reporter au plan général : elles y sont indiquées, de nombreuses illustrations photographiques montrent les différents sites dégagés.

Une grosse poutre brûlée, sur la surface de la voie, indiquait le sort subi par la porte. De plus, les pierres et autres constituants des côtés, étaient amoncelés au milieu et, comme aucun dépôt n'a été trouvé entre eux et la surface de la voie, on peut en conclure que l'entrée a été abattue peu après sa construction..

. L'entrée Sud-Est avait été détruite brutalement, presque immédiatement après avoir été construite.

 

 

LE POURQUOI DU CAMP D'ARTUS

Pour mieux cerner les origines du camp, alignons donc quelques données:

1.  L'étendue très considérable du camp (30ha) ne découle pas directement de celle du sommet du promontoire; en effet, à l'Ouest, les lignes défensives se trouvent très nettement décalées sur le flanc de la colline et ceci, il faut le noter, au prix de positions moins avantageuses. Le but visé était donc la sécurité d'un grand nombre, avec ou sans bestiaux: Mais il n'est pas possible de supposer qu'une région aussi pauvre que le massif granitier du Centre-Finistère ait pu satisfaire économiquement aux besoins d'une population indigène assez nombreuse pour occuper tout cet espace, ou même pour l'utiliser temporairement en s'y réfugiant. La présence de minerais dans le voisinage immédiat a peut-être contribué au choix, mais cela ne rend pas compte des dimensions. Cette grande étendue doit être attribuée à des causes de nature militaire ou politique, mais pas économique.

Elle fait penser à un lieu de ralliement, aménagé dans des circonstances de tension exceptionnelle, pour les hommes d'une aire géographique importante, placés temporairement sous une autorité centralisée.

2. L'uniformité des types de poterie à la surface du camp et la présence d'un seul niveau d'occupation sur presque tous les niveaux d'utilisation, dénotent une période d'utilisation relativement brève ; De plus, 5 des sites retenus vont livrés peu ou pas de signes en faveur de la brièveté de l'utilisation du camp.

3 . L'entrée Sud-Est avait été détruite brutalement, presque immédiatement après avoir été construite.

4. La ligne fortifiée transversale délimitant une nouvelle enceinte, plus petite, avec dans le même temps, un renforcement de la partie commune aux deux enceintes, fut édifiée peu de temps après les premiers travaux et on doit admettre qu'elle ne reflète qu'une nouvelle tension dans la même période de crise.

5. Un niveau d'occupation sur le site A, fournit une pièce gauloise de la première moitié du premier siècle av J.C, ainsi que de la poterie intéressante.

Rappel :

-dans les dernières années du 2e siècle avant J.V, avait eu lieu l'invasion de la Gaule par les Cimbres. Mais faire remonter le Camp d'Artus au 2e siècle av J.C, ne paraît pas envisageable, en raison de la pièce gauloise.

- que seraient allés faire là les Cimbres ? Nourriture ?

- le murus gallicus... Il ne semble pas que cette construction ait existé avant les campagnes de César.

Patrimoine des Monts d'Arrée

Visite guidée le 21 Mai 2011, Commentée par Michael BATT.


https://abp.bzh/35246

https://abp.bzh/32389

http://www.persee.fr/doc/galia_0016-4119_1959_num_17_1_2255