L'EXPLOITATION DES BOULES GRANITIQUES AU HUELGOAT. Louis CHAURIS

Le chaos disparu sous les burins des carriers du Huelgoat du Saoulec en bas de la Grotte du Diable en 1843 d 'un dessin du carnet de dessins et d'aquarelles de Félix Marant.Boissauveur .https://www.coop-breizh.fr/8082-felix-marant-boissauveur..

.Les rochers à droite ont tous disparu sous les burins des carriers du Huelgoat Je reconnais le chêne du chemin pittoresque .Le cloché du bourg. à horizon , on ne le voit pas parceque la foudre quelques années avant l' avait fait tombée


 

  LE SITE DU MENAGE DE LA VIERGE VERS 1870.

Edouard Puyo  vers 1870 fusain 42x28 cm (Photographes au XIX siécle .Les nouveaux imagiers de la Bretagne. Corinne Jeaneau Gérard Berthelon Edition COOP BREIZ 2006

Victor Segalen  A Dreuz an Avor en août 1899

Le petit train, cahoteux et lent nous dépose, vingt kilomètres plus loin, en face de deux omnibus, dont les conducteurs, avisant ma roue impotente et mollasse, se m'arrachent, en me jetant à la tête, comme un défi, les 6 kilomètres qui séparent Le Huelgoat de la gare qui prétend le desservir.

Certes, rien d'immérité, à la réputation de ce coin si spécial, luxuriant de végétation, crevassé d'abîmes vert profond où bruissent d'invisibles torrents. De larges routes en corniches, blanches et soignées comme des boulevards, courent entre des bois de sapins denses, opaques. C'est le paysage de montagne presque type, aux tons de chromos, acceptable en nature, peu désirable à noter sur la toile.

Un peu au hasard, nous prenons de nuit, suivant notre habitude, un avant-goût de ce que le grand jour nous détaillera le lendemain ; de la pénombre profonde sourdent lourdement des blocs immenses, d'autres, en pleine lumière, arrondissent leurs formes géantes, et, tamisant, grillageant la clarté sélénique, les sapins, en foule, superposent à l'infini leurs accents circonflexes feuillus.

De bonne heure, au jour, nous trottons derrière un tout petit guide, éveillé, tout menu... C'est une promenade circulaire à grande allure, et suivant l'inévitable itinéraire : le chaos, d'abord, conglomérat étonnant de blocs éboulés derrière un vieux moulin... La pierre branlante, dont les cent tonnes oscillent avec des grâces éléphantines sous quelques poussées rythmées...

Il y a vingt ans, frappé de l'inutilité de tous ces gros cailloux, on eut la suave idée de les exploiter comme pierre à bâtir, et, avec une pleine désinvolture, on se mit à les débiter à la scie, à les émietter à la poudre... La pierre branlante faillit y passer, et une partie du chaos se transforma en jolis petits moellons plus utiles, évidemment, et surtout de vente plus facile que les grands blocs primitifs.

Il fallut une intervention énergique pour arrêter cette mutilation.

Mais la plaie est là, cassure blanche, déflorant le site, comme un os brisé traversant les chairs. Et les coups de pioche ne se taisent pas. Peut-être essaient-ils, les malheureux, de retaper leurs cailloux disloqués?

Plus loin, heureusement, tout est intact: le «Ménage de la Vierge», série d'empreintes en creux, se cache mystérieusement au fond d'un amas de roches, tandis que tout en bas, tintent avec un timbre clair comme du métal, les petites cascades de la «rivière d'Argent».

Puis, nous voilà en pleine forêt, et vaste, et touffue : une appétissante salade de grands arbres, de taillis, de ruisselets érodant de gros rochers, faufilés à fleur de terre, et s'épanouissant brusquement au grand jour d'une clairière encadrée de sous-bois giboyeux, et cela durant des kilomètres.. La «Chambre d'Arthus», le «Trou aux Sangliers», le «Gouffre», énumère le petit guide...

En somme, des sites de montagne, et dignes de la Suisse ou des Vosges, m'affirme, dans l'omnibus, mon compagnon d'Impériale; mais, au reste, peu séduisants pour un peintre. Infailliblement, il serait conduit à ne produire qu'une de ces truculentes affiches de bains de mer ou de voyages circulaires exhibées dans les gares entre un distributeur automatique et un horaire de chemin de fer, dont elles partagent la valeur esthétique...

Et malgré ce pimpant décor, on se reprend, au long du retour, à rêver encore du vieux peintre, vieux de toute la sénilité d'un très vieux peuple, dont le symbolisme, le fantastique et les rêves, ont trouvé en lui leur expression imagée, leur évocation poétique, toute de nuances, de demi-teintes, de charme morose et dolent.

L'EXPLOITATION DES BOULES GRANITIQUES AU HUELGOAT.Louis CHAURIS  «Les habitants du Hüelgoat crient qu'on leur laisse leurs rochers..» Sans doute « Vox damans in deserto ».

Edouard Puyo  vers 1870 fusain 42x28 cm (Photographes au XIX siécle .Les nouveaux imagiers de la Bretagne. Corinne Jeaneau Gérard Berthelon Edition COOP BREIZ 2006

Les rochers alignés coté droit de cette photo des années 1890 ont disparu!

Le chaos  du Saoulec dévasté  par  les carrières vers 1895.  Une carrière dans un site remarquable que les touristes de passage photographiaient

photo personel

Le bois du Saouelec où est le site du chaos et de la roche tremblante est un bois communal depuis 1903. et non domanial . Il fut  acheté par la commune grace au combat des militants du Touring club  de France créé en 1890 et de la Société pour la protection des paysages de France, créée par Sully-Prudhomme en 1901.Notre chaos du Saoulec fut ainsi protégé de la dévastation  des carrières de pierres. (la crêperie qui est située prés du ménage de la Vierge fut construite sur l'emplacement  de cette ancienne carrière de granit)  .

C'est en fait le premier site naturel qui fut sauvé et classé en France  par l'achat d'une collectivité locale en 1903 bien avant  la loi de l' état français de 1906 sur la protection des monuments naturels et des sites dite loi Beauquier.( le premier site protégé fut  les rochers de la forêt de Fontainebleau en 1861)

Il  semble qu'on prenne plaisir en ce pays d'Huëlgoat à entasser ruines sur  ruines. C'est ainsi qu'on est en train de transformer en carrière à moellons le magnifique chaos de pierres dont la description se lit partout. La dévastation  monte du fond du ravin et gagne de jour en jour. Elle n'a pas encore atteint toutefois le " Ménage de la Vierge ". On sait qu'on appelle  de ce nom des amas de rochers dont quelques-uns affectent de vagues apparences de meubles et d'ustensiles. Là, d'après la légende, Notre-Dame des Cieux avait primitivement sa maison; et on vous montre les diverses pièces de son mobilier cyclopéen, le lit où elle se couchait, l'armoire où elle enfermait son linge, le chaudron où elle faisait la lessive, la marmite ronde qui lui servait à cuire ses repas, et enfin le berceau branlant - un énorme tronc de granit creusé en forme de barque  où elle endormait l'Enfant-Dieu, au bruit du torrent qui écu les roches et s'abîme on ne sait pas où dans le sein mystérieux de la terre. La protection de Notre-Dame suffira-t-elle à sauvegarder du vandalisme  qui les menace, ces nobles pierres qui lui sont consacrées ?         

Anatole Le Bras Les annales de Bretagne 1893

Victor Segalen. (en 1899), apporte, avec un humour acide, «des précisions sur la destruction des sites des chaos par les tailleurs de pierre Il y a vingt ans (donc aux alentours de 1880). frappé de l'inutilité de tous ces gros cailloux, on eut la suave idée de les exploiter comme pierre à bâtir, Et avec une pleine désinvolture, on se mit à les débiter... La pierre branlante faillit  y passer, et une partie .du chaos se transforma en jolis petits moellons plus utiles, évidemment, et surtout de vente plus facile que les grands blocs primitifs. Il fallut l' intervention énergique pour arrêter cette mutilation duTouring-club de France.Mas les plaies sont là, ces cassures blanches, déflorant la féerie du Huelgoat.

 

En 1893, la carrière du Saoulec du huelgoatain Charles Ritz.

Cadastre de 1835

Article  de  Regard d' espérance

https://www.facebook.com/philippe.leborgne/posts/3142745405800067

La source des origines
La source du Lison, rivière franc-comtoise, est à l’origine de la création de la SPPEF. En 1899, face à la menace de la destruction de ses cascades au profit d’une conduite forcée, les habitants de Nans-sous-Sainte Anne firent appel à leur député, Charles Beauquier. Ils engagèrent deux procès avant une victoire définitive devant les tribunaux en 1902. Afin de conforter ce succès, Charles Beauquier fit voter en 1906 la première loi sur la protection de l’environnement, dite loi Beauquier.
Dans l’intervalle, Charles Beauquier avait créé en 1901 la Société pour la Protection des Paysages de France (SPPF), avec les poètes Jean Lahore et Sully Prud’homme.

De la SPPF à Sites & Monuments
La dénomination de l’association a évolué au fil du temps : la Société pour la Protection des Paysages de France (SPPF) fusionne en 1955 avec la Société pour la Défense de l’esthétique générale de la France (SDEGF) : elle prend alors le nom de Société pour la Protection des Paysages et de l’Esthétique de la France (SPPEF). Depuis 2011, elle a progressivement pris comme nom d’usage celui de sa revue : Sites & Monuments. Les nouveaux statuts, approuvés en 2022, ont entériné l’adoption de la dénomination Sites & Monuments en remplacement de SPPEF.

Les Jeunes guides du Huelgoat au «Ménage de la Vierge» L escalier de la Vierge et la silhouette dans la Rivière d Argent On distingue des ustensiles de cuisine : un chaudron, une marmite, l ' écuelle une cuillère ,une casserole , une louche, une baratte à beurre un soufflet et pour terminer le parasol ou le parapluie selon le temps et n oubliez pas le guide »,

L' emplacement de la carrière est à droite de mes clichés de 1900.

Il y a disparu l' arbre sur le chapeau de Napoléon .