La fontaine à l'intérieur de la chapelle de Koat ar roc'h.

L'eglise de Lannedern.

L'eglise de Lannedern.

Edern délogea de nouveau, son cerf lui servant encore de monture .Sa soeur monta en croupe. Ils franchirent la rivière d'Aulne et parvinrent au pied des montagnes d'Arrée, sur la lande de Coat-ar-Roc'h (le bois de la roche), devant le paysage le plus pittoresquement tourmenté et modelé qui soit peut-être en Bretagne. L'endroit les charma : ils s'y fixèrent. Le saint bâtit son oratoire au-dessus de la lande

 La légende de Saint Edern et de sa parédre Genoveffa  de  Louis  Le Guennec " Vieux souvenirs bas bretons"

"Edern venu d'Irlande avait pris terre au Ris dans la baie de Douarnenez accompagné de sa sœur  Génoveffa (Geneviève).Tous deux vécurent d'abord en ermites près du Juch. Un jour qu'Edern priait agenouillé à l'ombre de son rustique oratoire de branchages, un cerf traqué par la meute du seigneur de Névet vint tout haletant et épuisé se prosterner devant lui, implorant sa protection d'un regard suppliant. Edern dispersa les chiens, marcha au devant les chasseurs et sut si bien plaider près de leur maitre la  cause du pauvre animal et qu'il obtint pour lui  la vie sauve. Le cerf ne fut pas ingrat, il s'atacha à l'homme de Dieu ne le quittant plus et lui rendit   tous les services d’un animal domestique

Lorsque Edern se résolut à  changer d'horizon c'est en chevauchant son cerf et Génoveffa en croupe qu'il quitta le Juch. Il ne s'arrêta qu'au nord d'une bourgade qu'on nommait alors Brithiac (Briec).Ce fut sa seconde mais non sa dernière étape, un  paysan charitable de l'endroit lui ayant fait don d'une petite vache, le saint la menait paître le long des garennes tout en méditant à son aise. Mais il comptait sans un méchant voisin, le seigneur  de Quistinic qui ne guettait que l'occasion de lui nuire. Un matin qu'Edern  assis sur un rocher où l'on montre depuis son  empreinte, rêvait aux choses éternelles, La vache entra innocemment dans un champ et y tondit deux ou  trois pieds carrés de seigle vert. Ce  champ appartenait au seigneur qui  allant à la chasse aperçut du dommage. Furieux il lança ses dogues sur   l'infortunée délinquante et la fit déchirer en pièces. Edern ne put voir   sans indignation un châtiment aussi cruel,  il apostropha  le  mauvais gentilhomme d'une voix indignée menaça de la colère céleste et sous ses  yeux ressuscita la vache.Il va sans dire qu' émerveillé d' un tel prodide , le seigneur se convertit à l' instant.

Edern délogea de nouveau, son cerf lui servant encore de monture .Sa soeur monta en croupe. Ils franchirent la rivière d'Aulne et parvinrent au pied des montagnes d'Arrée, sur la lande de Coat-ar-Roc'h (le bois de la roche), devant le paysage le plus pittoresquement tourmenté et modelé qui soit peut-être en Bretagne. L'endroit les charma : ils s'y fixèrent. Le saint bâtit son oratoire au-dessus de la lande. Genoveffa s'établit à une lieue au-delà, tout près de l'ancien oratoire de Gherfred, au revers d'une colline vêtue de fougères et d'ajoncs qui l'abritaient des vents de bise et de galerne.Toujours docile et infatigable, le cerf charroya les matériaux de leurs « deux maisons de prières ». Puis ils se remirent à l'oeuvre, Edern évangélisant les hommes, sa soeur les femmes et les jeunes filles. Quelques années plus tard, deux nouvelles chrétientés étaient fondées et florissantes, et il fallut alors songer au partage des terres, jusques là restées en commun. Genoveffa, quelque peu exigeante et impérieuse, entendait réserver à elle et aux siens les meilleurs quartiers. Volontiers, elle n'eut laissé aux ouailles fraternelles que les garennes stériles de Coat-ar-Roc'h et les maigres champs d'alentour.

Bien que d'âme paisible et conciliante, Edern n'entendait pas laisser dépouiller ses fidèles. La discussion fut vive autant que longue. Finalement, la sainte transigea de la sorte : “ Confions à Dieu, lui proposa-t-elle, le soin de nous mettre d'accord. Ce soir, à nuit close, tu monteras sur ton cerf, et tu te mettras en route à ta guise pour ne t'arrêter qu'au chant du coq. Tout le territoire dont tu auras pu faire le tour sera ton lot. Je me contenterai du reste.

En parlant ainsi, la rusée commère savait bien ce qu'elle disait : “ Le cerf est âgé, songeait-elle. Sur ses vielles jambes, il n'ira ni bien vite ni bien loin dans l'obscurité, à travers un pays rempli de brousses, de vallons, de fondrières, de roches, d'obstacles de toutes sortes. Quand le coq chantera, monture et cavalier pataugeront encore dans quelque marais, et, comparé à celui qui me demeurera, le lopin de mon frère sera bien mince.”

Bien qu'Edern ne fut pas dupe de ces petites manigances, il accepta par horreur des querelles. Au crépuscule, il appela le cerf, se hissa sur sa dure échine et en route ; la brave bête, consciente, semblait-il, de l'importante partie qui se jouait, prit sa course tout d'une haleine et fila à fond de train vers Brasparts. Elle allait aussi rapide que le vent, ses sabots touchant à peine le sol. Grisé par la vitesse, Edern, cramponné à ses ramures, l'encourageait de la voix. Ni montées, ni ravins, ni halliers ne ralentissaient son élan fantastique, visiblement soutenu par Dieu. Loin d'être ténébreuse, comme l'avait espéré Genoveffa, la voûte du ciel ruisselait d'étoiles, et une douce lumière d'argent baignant la nuit sereine.

Assise sur un tertre dominant, la soeur du saint, l'oeil et l'oreille aux aguets, s'apprêtait à jouir de sa déconvenue. Mais sa gaîté maligne se mua en dépit, puis en effroi, quand elle distingua dans le silence nocturne le galop du cerf qui, après avoir décrit un circuit immense, revenait sur elle en rapides foulées. Encore quelques minutes, et toute l'étendue des deux peuplades appartiendrait à son frère. Heureusement pour elle, Genoveffa était fille de ressource. Puisqu'il fallait, pour arrêter Edern, que le coq chantât, eh bien ! le coq allait chanter incontinent. Il y avait, à côté, une ferme. La sainte se précipita dans le poulailler, saisit sur son perchoir un coq engourdi de sommeil et lui fourra la tête sous le jet de la fontaine. Etourdi, stupéfait, voilà notre chanteclair qui s'ébroue, bat des ailes et lance comme en rêve un cocorico tout désorienté. Il était temps ; le cerf traversait déjà l'aire à battre ...

Depuis, deux paroisses se sont formées, l'une nommée Lannédern (Lann-Edern), l'autre Loqueffret, sous leur patronage respectif. Mais la limite de Lannédern s'avance fort près du bourg rival, et, à l'endroit où son éponyme s'arrêta au chant du coq, les habitants ont érigé un beau calvaire.


 La chapelle de la Croix en Loqueffret