La célèbre noce de 1500 personnes en 1909  au Moulin de kerelcun en La Feuillée  (triple mariage)

.collection personnelle

La Feuillée... un nom qui chante, plein de promesses. En Breton, la paroisse de La Feuillée, au cœur de l'Argoat, s'appelait "Ar Fouillez". Ce bourg est situé sur l'ancienne route de Brest à Angers, à 285 m d'altitude. Sa situation élevée lui vaut un certain prestige. Les trois "géants" bretons, le "Tuchen Kador", le "Roch Trevezel", le "Mont Saint-Michel de Brasparts ", dont l'altitude voisine 390 m, à une ou deux lieues de là, se mirent dans le lac de Nestavel, dans un décor qui ne manque pas de grandeur, face à la centrale thermo-nucléaire de Brennilis. Avant que d'opportuns défrichements ne fussent venus transformer l'aspect de son sol, cette commune était l'une des plus pauvres de la Haute Cornouaille. Sa population se composait presque uniquement de marchands de toile et de bestiaux, de chiffonniers ambulants bien connus dans toute la Bretagne sous le nom de "pillouers". La Feuillée ne possède aucun monument marquant que l'église paroissiale, de style flamboyant. Une importante Commanderie de Templiers se trouvait autrefois sur le territoire de La Feuillée, à Kerberou, à une demi-lieue du bourg, sur la route de Botmeur.

Malgré la pauvreté du sol, on aimait la vie à La Feuillée, on s'y mariait, et on avait beaucoup d'enfants. Les mariages qui ont laissé le souvenir le plus marquant sont ceux qui unirent, le 2 août 1908, les deux sœurs Marie-Françoise et Marie-Jeanne Riou à Louis et François Bronnec, deux frères. Les deux sœurs étaient les filles du meunier de Kerelcun, un joli moulin à eau, niché dans la verdure, sur le versant de la colline. Les deux frères Riou, non loin du Moulin, travaillaient à la ferme de Ruguellou. Le Pardon de la Saint-Jean, au bourg, fut l'occasion de la rencontre. Ce jour-là, tous les fidèles n'avaient d'yeux, pourtant, que pour le "maout" (mouton) qui, paré de cent rubans, précédait la procession, tenu en laisse par un angelot vêtu, lui aussi, d'une peau de mouton. Les frères, discrètement, rencontrèrent les sœurs et des promesses furent échangées. On se donna rendez-vous, le dimanche suivant, près de Ruguellou, dans un lieu agreste où la jeunesse se réunissait pour jouer aux quilles (c'hoari ar c'hillou) et au jeu de galoche (c'hoari pilpot). Les mariages eurent lieu quelques jours avant le Pardon des Cieux d'Huelgoat. Mariage en plein air, près du moulin. Près d'un millier de personnes étaient rassemblées. Les témoins furent J.L. Yvinec, J. Béton, F.M. Crenn et L. Cloarec. Fait insolite, les hommes, le troisième jour, pour montrer leur reconnaissance, se rassemblèrent pour lever un talus entourant une parcelle inculte dans la "montagne", près du Roch Trevezel. A l'époque les travaux collectifs s'accomplissaient dans la joie.

...C'était au début d'août 1909... Deux mariages d'inclination qui, pour se nouer, n'eurent à faire appel ni à un baz valan, ni à un quelconque entremetteur. Malgré un constant dépeuplement, des descendants des couples Riou vivent encore à La Feuillée, commune pauvre mais attachante, dans ce secteur du Finistère que le Parc Régional d'Armorique s'emploie à faire connaître.

Louis Priser mariages  en Bretagne autrefois Editions Libro-sciences spri  1978